La dorure à la détrempe : outils, instructions et conseils

La dorure à la détrempe est l’une des plus anciennes méthodes d’application de la feuille d’or pur, de la feuille d’argent et – moins fréquemment – de la feuille d’imitation. Une tradition séculaire transmise d’artisan à artisan l’a amenée jusqu’à aujourd’hui à un niveau sensiblement identique à celui de la fabrication à l’origine de l’art de la dorure. Son nom, « détrempe » vient de l’utilisation de l’eau et de ses composés tant dans la préparation de la base que dans l’application de la feuille.

Cette technique est surtout utilisée dans la restauration de dorures, lorsqu’il est nécessaire d’intégrer des parties manquantes ou endommagées de meubles, de cadres et d’objets d’époque. Il est également particulièrement adapté à la réalisation de répliques fidèles d’objets anciens et à l’obtention de surfaces très brillantes ou présentant une alternance marquée de zones brillantes et mates.

Contrairement aux différentes techniques de dorure à mixtion, la dorure à la détrempe peut être complétée par le brunissage, qui est un procédé de finition spécial, parfait pour polir totalement ou partiellement la surface dorée.

Plus difficile et plus laborieuse que la dorure de mixtion, elle est la meilleure solution pour souligner la tridimensionnalité des surfaces ou pour réaliser des détails extrêmement fins.

Parmi ses principales utilisations :

• Cadres en bois
• Icônes
• Restauration des dorures sur les meubles, cadres et objets d’art

Les outils :

• Pinceau souple pour étaler le plâtre
• Papier de verre à gros grains (120 – 180)
• Grattoir de doreur pour le dégrossissage du plâtre
• Papiers abrasifs à grain fin (280, 320, 400) pour le ponçage final

Le mélange de plâtre et de « colletta » doit être appliqué, à l’aide d’un pinceau, en plusieurs couches successives sur la surface, qui doit être propre, lisse et exempte de poussière ou de particules. Afin d’abaisser le grain du bois, il est conseillé d’appliquer une première couche de colletta, préparée séparément, très liquide et avec peu de plâtre.

Après avoir appliqué chaque couche, laisser sécher le plâtre et poncer la surface avec un papier de verre à gros grain pour éliminer toutes les imperfections. Procéder de cette manière jusqu’à ce que la surface soit lisse et régulière.

Une fois que la dernière couche est terminée et sèche, il est important de finir la surface avec un grattoir pour recréer les bords tranchants à dorer, en faisant attention de ne pas enlever l’étalement du plâtre. Pour le ponçage final, il est conseillé d’utiliser un papier abrasif de plus en plus fin afin d’obtenir une surface parfaitement lisse.

Avant de passer à la phase suivante, appelée « assiettage », il peut être nécessaire d’étaler sur la surface de plâtre polie une couche de composé obtenu en mélangeant et en chauffant de la colle de poissons (ou de la colle de lapin) avec de l’eau. Une pincée de pâte d’assiette jaune doit être ajoutée au mélange chaud.

Après l’avoir laissé sécher pendant environ 10/15 minutes, nous obtiendrons une surface de plâtre isolée et prête pour la pose de l’assiette.

Les outils :

• Pinceau souple ou brosse plate

Si nécessaire, filtrer avec une chaussette à tissage très fin ou une gaze pour éliminer les grumeaux dont la présence endommagerait la feuille et causerait des rayures lors du brunissage. Appliquer ensuite le mélange chaud sur la surface enduite.

À l’aide d’un pinceau souple ou d’une brosse plate, étaler une première couche préparée avec de l’assiette jaune, puis deux couches d’assiette rouge.

Entre les couches, il faut attendre le temps nécessaire au séchage complet : en principe, moins d’une heure est nécessaire, mais le niveau d’humidité et la température de l’environnement peuvent influencer le temps de séchage de l’assiette.

Il est recommandé d’appliquer une couche d’assiette pas trop épaisse pour éviter que la feuille ne se détache à l’étape suivante de l’application.

Les outils :

• Colle de poisson
• Brosse à poils doux
• Brosse en poils d’écureuil
• Pinceau en poils d’écureuil ou bout de coton

Chauffer au bain-marie, sans porter à ébullition, un mélange de colle de poisson et d’eau, dans la mesure approximative de 1 partie de colle de poisson et 10 parties d’eau. À l’aide d’un pinceau souple, mouiller l’assiette pour qu’elle soit prête à accueillir la feuille. Il est recommandé de n’appliquer qu’une seule couche de mélange pour éviter que l’assiette ne devienne trop molle et lâche ou ne crée des zones de stagnation. Il est également conseillé de ne mouiller qu’une partie de la surface battue et d’appliquer la feuille immédiatement après, en procédant par étapes.

À l’aide d’une brosse en poils d’écureuil de la taille appropriée à la taille de la feuille, transférer la feuille du coussin sur la surface à dorer. Si la feuille ne reste pas attachée aux poils, il est conseillé de passer la brosse sur la peau ou les poils afin de leur donner la bonne charge électrostatique.

Habituellement, la dorure est réalisée à partir des surfaces uniformes et plus grandes, en commençant par les surfaces planes et en passant ensuite aux surfaces courbes. En outre, nous faisons généralement dorer d’abord les parties à rendre opaques, puis celles à brunir.

Pour que la feuille adhère le plus possible à l’assiette sous-jacente, il est conseillé de la tamponner avec un pinceau en poils d’écureuil ou un bout de coton. Éviter toujours de toucher la surface dorée avec vos mains jusqu’à ce qu’elle soit complètement sèche.

S’il est nécessaire de retoucher ou de combler des parties manquantes, il est conseillé de mouiller la base, en prenant soin de ne pas toucher la surface déjà dorée, afin d’éviter la formation de halos après séchage complet.

Les outils :

• Gomme-laque déparaffinée
• Brosse ou poils souples ou pinceau en poils d’écureuil

Une fois la phase de brunissage terminée, un vernis de protection peut être appliqué sur la surface dorée et polie. Pour ne pas altérer la brillance de l’or, nous recommandons d’utiliser un vernis naturel. Appliquer une ou deux fines couches de gomme-laque déparaffinée à l’aide d’une brosse à poils doux ou d’une brosse en poils d’écureuil, particulièrement adaptée si l’objet doré présente des incrustations profondes ou une surface très travaillée.